Chère Lena,
Je voulais encore te parler de Zoune. Cette fois, il s’agit du Maroc où elle séjourne souvent à présent.
J’aime cette photo, chère Zoune, où tu parais nous adresser un salut amical, à nous qui étions restés en France, alors que tu étais partie pour changer de vie.
Un jour, donc, tu as pris ta voiture et décidé d’aller jusqu’au Maroc, toute seule.
Après avoir traversé la France et l’Espagne tu as encore roulé jusqu’à Marrakech.
Ici, la vie quotidienne continuait comme à son habitude, un peu terne, rythmée par le travail et de petites pauses à la campagne.
Là-bas tu as retrouvé quelques amis, et, comme toujours, tu as connu d’autres gens, le cercle s’est agrandi. C’est une qualité que j’aime et qui fait notre admiration, tu as de la curiosité pour les autres et, partout où tu vas, tu t’intéresses aux gens. Et souvent c’est toi qui te mets aux commandes et aux fourneaux quand il s’agit de préparer de grandes tablées. C’est vrai, je t’ai toujours vue organiser des repas, même si tu n’es pas chez toi.
Tu as toujours des idées pour un dîner qui a l’air improvisé, mais que tout le monde mettrait un temps fou à préparer.
Tu dis que c’est facile pourtant tu ne cèdes pas à l’à peu-près.
Je me souviens de dîners en Afrique du Sud : tu nous régalais d’oeufs mimosas, d’un rôti et de petites pommes sautées. Et je faisais la crème renversée. Rien n’avait l’air ordinaire car la vaisselle était toujours choisie, comme les nappes, le vin, les fleurs, et aussi le coin de la pièce où il fallait absolument déplacer la table pour avoir une belle vue sur le jardin ou être près du feu, selon la saison.
Au Maroc tu as vite fréquenté les cuisines dans les riads de tes amis, et avec Radijah tu as appris à confectionner les meilleurs tajines, les poulets aux citrons confits et les pastillas.
Tu as tellement aimé ce pays, le charme de son habitat, ses paysages, ses habitants, ses artistes et artisans, que tu y passes à présent quelques mois chaque année.
Pendant trois ans tu as habité une maison un peu isolée, dans la région de Marrakech, saisons de solitude et de lectures, mais aussi d’amitiés que les années ont rendues solides et précieuses.
C’est à cette époque que tu as rencontré Anne qui y possède des riads.
Vous avez noué des liens très forts et vous vous êtes peu quittées depuis, puisqu’elle habite aussi, une partie de l’année, en Bretagne.
Comme moi, elle a certainement été émerveillée par ton sens de l’espace, de la couleur. Il n’y a pas que les tables qui tournent chez toi, mais les canapés, les commodes et les miroirs aussi. On se demande si c’est ta maison qui s’y prête ou si c’est toi qui as le don de recréer des espaces différents dans une même pièce.
Chez toi aussi, on dîne près de la cheminée toujours remplie de bûches ou face au jardin. On peut s’alanguir sur la méridienne tantôt côté Est, tantôt dans l’angle, sous la panthère en bronze qui s’étire dans un rayon de soleil.
Et chaque fois, c’est la bonne place.
Et chaque fois on se dit : “je vais tout changer à la maison”. Mais non, pas si simple ! On se heurte à la circulation, aux ouvertures, à la disposition d’une fenêtre. Alors on retourne chez toi, on regarde encore, on se demande comment tu fais, on rêve.
C’est pareil avec les terrasses, en mars-avril il fait toujours bon au sud, je le jure, il y a comme un micro-climat. Derrière la haie, sous l’abri couvert de brandes on se croirait dans le Sud-Ouest, dans une île douce, mais loin du vent.
En plein été on est mieux de l’autre côté, c’est plus ouvert, plus frais.
En fait, on est toujours là où il faut. C’est peut-être ça qui donne cette sensation d’être en harmonie, avec le temps, les saisons, le cadre, les gens.
Donc, au Maroc, chez Anne qui a toujours eu le goût d’entreprendre, tu es enthousiaste pour imaginer avec elle, des harmonies, des couleurs, des atmosphères. Les échanges vont bon train et les idées aussi.
Depuis un certain temps elle envisage un autre riad qui communiquerait avec l’ancien. Il faut imaginer un dédale de passages et de couloirs dans une architecture où l’on peut passer d’un lieu à l’autre facilement comme dans la médina. C’est cet esprit qu’elle voudrait pour
Dar Nimbus.
Alors tu lui présentes ton ami Michel Chassé, architecte et peintre, qui parcourt depuis de nombreuses années une Afrique plus lointaine qui l’inspire. L’oeuvre ci-dessous est aussi en présentation de cet article.
Et voilà, à vous trois vous concevez un nouveau riad, avec un spa qui sera relié aux bâtiments déjà existants.
Voilà une vue du riad d’origine.
Un patio entre ancien et nouveau riad
Encore un passage entre l’ancienne construction et la nouvelle
Un patio entre les deux riads
Et puis il faudra personnaliser les chambres, votre fil directeur sera l’ombre des grands personnages héroïques, littéraires, romanesques, politiques, qui ont parcouru, habité, aimé le Maroc et donné un peu de leur âme à ce pays.
Le maréchal Lyautey, bien sûr, qui rencontra là-bas une autre amoureuse de ce pays, Isabelle Eberhardt. Comme elle, il était admiratif de la culture locale, et s’attacha à la protéger en édictant des lois pour éviter de détruire les centres anciens des villes. Edith Wharton aussi dont tu as lu avec délices le “Voyage au Maroc”.
Le petit salon rouge
Ici on dîne dans les salons
Un coin que tu aimes dans une chambre du nouveau riad
Beaucoup de travail, de l’enthousiasme, du temps, de l’énergie.
Facile à dire, mais pour avoir une idée plus précise du travail, regardons les débuts
Michel est bien secondé par l’équipe marocaine
Michel et Sheriff, le maître d’oeuvre
Les murs montent
Et pour les finitions, voici Ahmed, l’artiste qui “zouaque”, il s’agit d’un travail traditionnel de peinture sur bois
On peut, alors, profiter des terrasses où Samirah et Ali servent les petits déjeuners
Et si le soleil n’est pas trop chaud on peut s’y prélasser et profiter de la vue sur les toits de Marrakech
On rêve d’y aller.